Jacques Véron est directeur des relations internationales à l'Institut national d'études démographiques (Ined).
Quelles sont les spécificités de la migration féminine aujourd'hui ?
Il existe aujourd'hui une immigration de travail qui n'est pas collée à la situation des hommes, où les femmes sont moteurs. Il faut bien prendre conscience de ce phénomène qui présente des spécificités: les risques que les femmes prennent sont accrus par rapport aux hommes, et l'argent qu'elles redistribuent est davantage tourné vers l'éducation et la santé, plus ciblé sur la vie quotidienne. Les hommes du Kerala (région de l'Inde, ndlr), par exemple, qui émigrent dans les pays du Golfe font construire des maisons somptueuses à leur retour, ce qui a une influence positive sur l'économie ; mais ils sont beaucoup dans la démonstration et affichent leur réussite.
Quels sont les grands courants de migrations ?
Il existe trois courants en terme de flux et, contrairement à ce qu'on pense, ils sont à égalité : des mouvements Nord-Nord (d'Europe vers les Etats-Unis, par exemple), Sud-Sud (internes à l'Amérique latine, à l'Afrique et à l'Asie) et Sud-Nord. Nous nous sommes focalisés sur ces derniers car tout, à notre avis, s'inscrit dans la logique Sud-Nord. Des migrations de travail du Bangladesh vers l'Inde sont des phénomènes importants que l'on a tendance à ignorer en pensant que le Sud n'a qu'une idée, s'installer au Nord.
Le phénomène des migrations n'est-il pas amplifié dans les pays riches ?
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