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Libération

L'Australie au goutte-à-goutte

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Sécheresse. Piscines vidées, douches réduites... Face à la pénurie d'eau, les villes improvisent.
publié le 11 septembre 2006 à 23h15
(mis à jour le 11 septembre 2006 à 23h15)

Goulburn (Australie) envoyée spéciale

«En raison de la crise, les boissons peuvent être servies dans des gobelets en plastique. La direction et le personnel vous remercient de vos efforts pour économiser l'eau.» John et Jim ont lu le panneau, levé leur bière pression et fait cul sec. Ils sont des habitués de ce bar de Goulburn où le patron a décidé de renoncer aux «vrais» verres pour ne plus avoir à les laver. John et Jim, qui ne sont pas de la première jeunesse, ont pourtant accepté sans rechigner cette grave entorse à la tradition, parce qu'ils ont compris que, cette fois, leur ville est exsangue.

Goulburn et ses 22 000 habitants sont installés sur une terre à moutons, ces derniers ayant fait l'histoire et la gloire de cette ville du bush, une des plus anciennes du pays, à une heure de voiture de la capitale fédérale, Canberra. Les gens d'ici sont des durs à cuire, habitués à un ciel qui n'en fait qu'à sa tête. Ils savent qu'un jour la terre peut se craqueler de soif et, l'autre, se noyer dans des déluges. Mais depuis cinq ans, la sécheresse s'est installée à Goulburn comme si elle avait l'intention d'y boire jusqu'à la dernière goutte.

Quatorze mois de réserves. Il y a deux ans, le conseil municipal a instauré les restrictions d'eau les plus sévères possible, creusé de nouveaux puits, planté un tuyau d'urgence dans la rivière, vidé la piscine municipale, réduit l'eau et la durée des douches des 580 détenus de la prison... Mais il ne reste plus que quatorze mois de r