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Libération

La Camargue se résigne à canarder ses moustiques

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Ecologie. Trois tonnes d'un pesticide bio ont été répandues dans le Parc.
publié le 23 septembre 2006 à 23h25
(mis à jour le 23 septembre 2006 à 23h25)

Salin-de-Giraud envoyé spécial

L'attaque a été lancée aux premières lueurs de l'aube. Le ciel, chargé de nuages et de pluie, n'offrait aux pilotes qu'une visibilité très réduite. A 7 h 30, trois avions chargés chacun d'une tonne de produit mortel ont décollé de la base de Candillargues, dans l'Hérault. Une demi-heure plus tard, l'objectif était atteint : les espaces semi-marécageux de la pointe de la Camargue, à proximité de Salin-de-Giraud et Port-Saint-Louis-du-Rhône. Les appareils ont alors brusquement piqué, pour voler en rase motte. Les pilotes ont ouvert les vannes, et chaque avion, dessinant sur sa zone cible de larges bandes parallèles de 25 mètres environ, y a épandu un produit incolore, uniquement perceptible par son odeur acre de poisson macéré. «Pendant un moment, j'ai vraiment cru à un remake de la Mort aux trousses !», précise Roland, propriétaire de chevaux. Deux heures plus tard, les pilotes étaient de retour à leur base. Bilan des opérations : plusieurs milliards de morts. Les cadavres sont des larves d'Aedes caspius, une variété de moustiques qui transforment en cauchemar les mois de septembre camarguais.

Larve. Pendant des décennies, effrayées par le coût de l'opération et par les risques induits sur les espèces protégées du Parc régional de Camargue, les collectivités locales ont refusé toute démoustication. Mais en septembre 2005, la terreur semée par les moustiques a atteint un sommet, et cette année, pour la première fois dans l'histoire de la C