Le plus grand inventaire de la biodiversité jamais réalisé a commencé début août à Santo, une île du Vanuatu, dans le Pacifique-Sud. Jusqu'à décembre, 170 scientifiques de 25 pays se relaieront dans le cadre de l'expédition Santo 2006, organisée par le Muséum d'histoire naturelle, l'Institut de recherche pour le développement (IRD) et l'ONG Pro-natura international.
«La biodiversité, c'est comme la poussière : il y en a partout, surtout dans les coins, autour des obstacles, sous les objets... Pour inventorier le vivant, il faut tout dépoussiérer.» Avec sa pincette en guise de plumeau, son chapeau en fesse de kangourou, et ses manches de chemise retroussées, Bertrand Richer de Forges est sans doute l'un des plus grands dépoussiéreurs de la biodiversité de tous les temps. Son recoin préféré ? Le fond des mers. Ses ruses : la drague et le chalut, deux types de filet qui piègent au fond de l'eau toutes sortes d'animaux.
Il est 10 heures lorsque le premier chalut remonte des profondeurs du Pacifique, au large de Santo. Au Nord, l'océan ondule à perte de vue. Au Sud, les îlots éparpillés de l'archipel de Vanuatu jaillissent de l'eau, gouttes vertes dans l'immensité bleu azur. Malgré ses trente ans passés à gratouiller la mer, Bertrand Richer de Forges, chef de mission scientifique au sein de l'expédition Santo 2006, frétille comme un poisson tout juste sorti de l'eau, impatient de découvrir quelles bestioles se cachent dans ses mailles. Sa pétulance d'enfant se propage comme