Le plus grand inventaire de la biodiversité jamais réalisé a commencé début août à Santo, une île du Vanuatu, dans le Pacifique Sud. Jusqu'à décembre, 170 scientifiques de 25 pays se relaieront dans le cadre de l'expédition Santo 2006, organisée par le Muséum d'histoire naturelle, l'Institut de recherche pour le développement (IRD) et l'ONG Pro-Natura International.
On le surnomme «Ratator». Dissimulé derrière une montagne de pièges à rats, sous un chapeau ruisselant d'eau de pluie, Michel Pascal avance dans la cocoteraie en sifflotant. Tous les dix pas, il laisse tomber ses ratières dans un bruit de ferraille, sans se soucier des noix de coco qui menacent au-dessus de sa tête. Derrière lui, un second trappeur, Olivier Lorvelec, dépose au fond de chaque piège un appât graisseux, savant mélange composé d'arachide, de flocons d'avoine et d'huile de sardine. Une recette pour le moins originale, censée attirer les rongeurs du monde entier.
Si la plupart des participants à l'expédition Santo 2006 fantasment sur les espèces nouvelles et se passionnent pour les animaux rares, Michel Pascal, chercheur à l'Inra (1), s'intéresse, lui, à ce qu'il y a de plus trivial : les rongeurs. Pourquoi ? «Parce qu'ils ont été introduits par l'homme et qu'ils jouent un rôle beaucoup plus important dans les écosystèmes que bien des espèces rares. C'est peut-être la face obscure de la biodiversité, mais elle a une incidence énorme sur le reste de la faune et de la flore», argumente le scientifiq