Edouard Bard est titulaire de la chaire «Evolution du climat et de l'océan» au Collège de France. Il travaille au Cerege (CNRS, Aix-Marseille-III), près d'Aix-en-Provence.
D'où vient l'idée d'une division par 4 des émissions de gaz à effet de serre des pays industrialisés d'ici à 2050 ?
Elle vient d'un calcul fondé sur l'hypothèse d'un réchauffement limité à 2 °C en moyenne planétaire à la fin du siècle par rapport au climat actuel. Elle signifie : il vaudrait mieux éviter de dépasser ce seuil, car le changement climatique provoqué par une hausse supérieure serait vraiment dangereux pour les sociétés. Lefacteur 4 en découle. Les simulations de climat sur ordinateur nous montrent qu'il ne faut pas dépasser une teneur de 450 ppm (partie par million) de gaz à effet de serre (1) dans l'atmosphère pour être à peu près sûr de tenir cet objectif. Or nous en sommes déjà à 382, contre 280 avant la révolution industrielle. Le rythme actuel de plus 2 ppm par an résulte de l'émission annuelle de 7 gigatonnes de carbone. L'inertie du système l'anomalie en gaz carbonique met plus d'un siècle à se résorber après injection dans l'atmosphère suppose que les émissions mondiales ne dépassent pas 4 gigatonnes en 2050. Si l'on calcule de manière équitable l'effort, chaque être humain ayant droit à la même émission, on arrive à ce constat : les pays industrialisés, principaux émetteurs actuels, doivent diviser leurs émissions par quatre d'ici à 2050.
Ce ne serait pas un peu magique, comme raisonnement ?
Le choix du chiffre de 2 °C peut sembler arbitraire. L'idée sous-jacente est que le changement climatique recèle des effets de seuil dangereux. Au-delà d'un seu