Organisé par le Muséum d'histoire naturelle, l'Institut de recherche pour le développement et l'ONG Pro-Natura International, le plus grand inventaire de la biodiversité jamais réalisé a débuté en août à Santo, une île du Vanuatu, dans le Pacifique Sud.
Les locaux ont fini par l'appeler la femme qui toktok tumas, qui «parle beaucoup». Assise devant des braises fumantes, protégée de la pluie par un toit de palmes, Florence Brunois égrène ses questions : quel est le nom de cette plante ? D'où vient-elle ? Elle se mange ? Les pages de son carnet noircissent au fil des réponses de Daniel et Willy, deux frères vanuatans. Et l'herbier du botaniste Marc Pignal (1) gonfle à vue d'oeil.
«Les peuples de la forêt ont une connaissance des plantes incroyable, note cette ethnologue du Muséum d'histoire naturelle, qui étudie les perceptions culturelles de la biodiversité. A la différence des scientifiques, ils n'ont pas besoin de nommer chaque espèce. Pour eux, la biodiversité se définit comme l'ensemble des interactions qui les lient aux êtres vivants dans leur monde, et non par une liste d'objets.» Willy sursaute lorsque la white woman évoque les esprits de la forêt. «Pour les Vanuatans, les esprits font partie de la biodiversité au même titre que les animaux, poursuit Florence Brunois, qui a appris le pidgin, la langue véhiculaire du Pacifique, en Papouasie-Nouvelle-Guinée. C'est peut-être une biodiversité invisible, mais celle que les scientifiques é