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Libération

Terra Madre, le bon grain et le rêve

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publié le 30 octobre 2006 à 23h52

Turin envoyée spéciale

Tout a commencé jeudi avec les chants âpres des travailleuses des rizières de la plaine du Pô, ceux que chantait Sylvana Mangano dans Riz amer. Des chants traditionnels ­ dont Bella Ciao ­ évoquant le labeur de ces femmes courbées en deux, dévorées par les moustiques, la peau tailladée par le riz en herbe. Puis il y a eu le défilé joyeux des drapeaux des 150 pays présents, de l'Afghanistan à la Belgique, du Burkina Faso à Cuba, du Japon à la Finlande, du Kirghizistan à l'Irak, en passant par la France, les Etats-Unis, et bien sûr l'Italie, pays hôte. C'est à Turin, durant cinq jours, que se sont réunis les paysans du monde pour Terra Madre, la rencontre des «communautés de la nourriture» organisée par l'association Slow Food, et cofinancée par la région Piémont et la ville de Turin. Pour sa deuxième édition ­ la première a eu lieu en 2004 ­, Terra Madre a réuni 5 000 paysans, issus de 1 600 communautés, 400 universitaires et chercheurs et 1 000 cuisiniers.

«Contre-culture». Ni mouvement syndical ni parti politique, Terra Madre se veut réseau pour une globalisation vertueuse, à l'opposé de l'agriculture industrialisée gouvernée par les lobbys de l'agroalimentaire. Une sorte de parlement mondial en faveur de la biodiversité cultivée, d'une agriculture traditionnelle, respectueuse des ressources naturelles et de la terre nourricière (Terra Madre), attentive à la qualité des aliments comme à la dignité des paysans. Pour Gilbert Dalla Rossa, de