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Libération
Interview

«En privilégiant le marché mondial, on va droit dans le mur»

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publié le 31 octobre 2006 à 23h53

Sur les 820 millions de personnes qui, dans le monde, souffrent de la faim , les deux tiers sont des paysans. Un paradoxe insupportable contre lequel se bat Aminata Traoré. L'ancienne ministre de la Culture du Mali, créatrice du Forum social africain, revient tout juste de Turin où elle a participé à Terra Madre, la rencontre mondiale des communautés de la nourriture organisée par l'association Slow Food (Libération d'hier). 5 000 paysans du monde y témoignaient en faveur d'une une agriculture vivrière et traditionnelle. Elle commente le rapport de la FAO (lire ci-dessus).

Jacques Diouf, le directeur de la FAO, incrimine le «manque de volonté politique».

Il faut être plus clair mais Diouf est piégé : aucune organisation internationale ne peut se permettre aujourd'hui de dire que trop c'est trop, qu'avec la primauté donnée au marché mondial, on va droit dans le mur. Depuis des années, les pays du Nord disent aux pays africains de cesser de cultiver des céréales, du mil, du maïs, et de produire en fonction des demandes du marché mondial. En nous promettant qu'avec l'argent retiré des ventes, nous pourrons acheter de quoi nous nourrir. Mais cela ne marche pas. Par exemple, au Mali, on nous a incités à produire du coton. Une région entière, des milliers de paysans ont fait place nette, ont remplacé les cultures traditionnelles par le coton. ça a fonctionné quelques années. Puis cela a été la grande désillusion, avec la baisse des cours.

Qu'est-ce qui a provoqué cette baisse?