«Le nombre de personnes affamées dans le monde est loin de diminuer. Il augmente même de 4 millions par an.» C'est par cette alarme que Jacques Diouf, directeur général de la FAO, l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, a présenté hier à Rome son rapport annuel sur l'insécurité alimentaire. Triste bilan lorsqu'on sait qu'il y a tout juste dix ans, l'objectif fixé après le sommet mondial de l'alimentation (SMA) était de réduire de moitié le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde en 2015 pour le ramener à 412 millions, soit une baisse de 31 millions par an.
«Navré.» Jacques Diouf a rappelé que les dirigeants des 185 pays présents alors à Rome avaient qualifié d'«inacceptable et d'intolérable» la malnutrition. Depuis, rien n'a changé. Ou plutôt si, puisque le monde est plus riche aujourd'hui qu'il y a dix ans. «Aucun progrès n'a été réellement accompli. Je suis profondément navré d'annoncer que la situation est toujours "intolérable et inacceptable."»
Le nombre de 820 millions de victimes de sous-alimentation dans les pays en développement représentent une réduction «insignifiante» de 3 millions par rapport au chiffre référence de 823 millions relatif à la période 1990-1992 il est même plus élevé qu'en 1996. Sauf à renverser la tendance, par des actions «urgentes et décisives», la promesse de 1996 ne pourra être tenue, a souligné Jacques Diouf, ajoutant qu'au rythme actuel l'engagement du som