Ils n'en revenaient pas. Bernard Kouchner et toute son équipe sont restés longtemps enfermés dans leur chambre d'hôtel à Genève, lundi après-midi, pour essayer de comprendre cette Berezina diplomatique. Contre toute attente, le plus connu des médecins français que le magazine Time fait figurer cette semaine parmi les «60 héros mondiaux de ces soixante dernières années» venait d'être expulsé de la short list des cinq noms retenus pour devenir le futur directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), dont l'élection est prévue aujourd'hui.
Campagne active. C'est un désaveu. Mais surtout une éviction qui signe le recul de l'influence diplomatique de la France dans les instances internationales. «En matière de coopération sur la santé, la France met pourtant beaucoup d'argent, tant en bilatéral qu'en multilatéral. Pourtant, nous n'avons pas réussi à convaincre. D'autres pays s'imposent», notait hier, amer, un diplomate. Aux yeux de nombreux observateurs, Kouchner avait pourtant mené une campagne active. Certes, il avait commencé à se battre tardivement le ministre des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy ayant caressé jusqu'au dernier moment l'idée de se présenter lui-même , mais Kouchner était l'un des rares candidats à vouloir faire évoluer l'OMS. Une urgence, car l'organisation va mal, embourbée dans un fonctionnement bureaucratique, avec des directions régionales qui ont tout pouvoir.
Est-ce la peur du changement qui a con