Nantes correspondance
Les bombardements ont parfois des effets imprévus. Nantes leur doit une enclave de verdure en retrait de la Loire, coincée entre HLM du quartier Malakoff et voies ferrées. Une rareté. Pour la richesse de leur flore, ces dix-sept hectares viennent d'être classés et insérés dans le périmètre Natura 2000. «Ce n'est pas un gadget ou une opération de communication. On n'a pas surclassé le site pour sa singularité urbaine, uniquement pour la richesse de sa biodiversité», note Ronan Dantec, élu Vert à Nantes Métropole. Trois rustiques vaches écossaises doivent même arriver en décembre pour y pâturer, en attendant que l'ancienne prairie de fauche soit régénérée et que des vaches de race nantaise puissent prendre le relais.
«Au XIXe siècle, la compétition libérale entre compagnies de chemins de fer a produit cette abondance de voies enfermant complètement le site, avant que les bombardements de 1944 ne créent ces trous d'eau», explique Ronan Dantec. Ratant la cible de la gare, les bombardiers américains ont criblé les prairies humides de 200 bombes, et les cratères ont été envahis d'eau dès l'automne suivant, vite colonisés par des saules blancs et roux. Une végétation de bords de Loire a ensuite encerclé ces étangs artificiels. Coupés du fleuve, les bras morts ont adopté un écosystème d'étangs. La zone délaissée a reçu des remblais et empierrements, en attente d'une possible autoroute, dont le projet a finalement été abandonné en 1978. Ormes et chên