Ramisi envoyée spéciale
Dzamé Nyao secoue la tête. Non, il ne retournera pas dans son village. Il a trop peur que les pluies s'abattent à nouveau sur lui. A son côté, sa femme tente de donner le sein à leur dernier enfant. Respiration rauque et toux persistante empêchent celui-ci de manger depuis le début des pluies torrentielles qui ont inondé différentes régions du Kenya, il y a trois semaines. «Le petit a attrapé le paludisme et une maladie respiratoire en dormant dans la forêt pendant plusieurs jours», explique Dzamé.
Ce couple, tout comme une dizaine de familles des localités voisines, a trouvé refuge dans une fabrique de sucre délabrée qui ne fonctionne plus depuis les années 80, dans le village de Ramisi, à une trentaine de kilomètres de la frontière tanzanienne, dans le sud du Kenya. A même le sol parsemé de flaques d'eau noirâtre, des matelas fournis par la Croix-Rouge kényane sont surmontés de moustiquaires. Rien n'a pu être sauvé, le bétail, les maisons de terre et de bois ont été emportés, les champs noyés.
Perchés. «La pluie est venue d'un coup. En quelques heures, l'eau nous arrivait déjà aux genoux», poursuit Dzamé. Il montre sa taille et mime le geste de nouer une corde. «Nous avons grimpé aux arbres. J'ai dû attacher mes sept enfants autour des troncs et des branches. Pendant trois jours, nous avons attendu comme ça qu'on vienne nous secourir.» Le gouvernement kényan a envoyé un hélicoptère de la Kenyan Air Force pour récupérer les habitan