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Libération

Lamu, un patrimoine sacrifié sur l'autel du pétrole

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publié le 20 décembre 2006 à 0h34

Ile de Lamu envoyée spéciale

Sur les berges de l'île de Lamu, dans l'archipel du même nom au large de la côte kényane, ils se regroupent chaque soir pour mâcher avec persévérance l'herbe magique, le qat, qui, assurent-ils, les invite à voyager dans l'esprit rasta. Dès qu'un Muzungu (un Blanc, en swahili) passe devant ces rastamen qui façonnent l'identité de l'île, ces derniers se précipitent aussitôt pour proposer un tour en boutre ou s'improviser guides afin de lui faire visiter les étroites ruelles de l'île.

Farniente. A Lamu, les rastamen vivent du tourisme et de la pêche artisanale, principaux revenus de cet archipel classé depuis 2001 au Patrimoine mondial de l'Unesco. Berceau de la culture swahilie à l'architecture originale, mélange d'influences arabes et indiennes, l'endroit fait le bonheur des étrangers de passage, avides de farniente sur le sable chaud et de culture sauvegardée. «Le pétrole ? Nous savons que cela ne changera rien à notre vie, en revanche, les touristes risquent de ne plus venir... C'est ça, notre problème», explique l'un d'eux, qui fait figure de chef de bande. Il informe rapidement son interlocuteur qu'il faut l'appeler par son surnom, «Vasco de Gama», du nom du conquérant portugais qui, en 1498, fut le premier Européen à aborder la côte kényane.

Le pétrole n'est encore qu'une vague perspective à Lamu, puisque l'exploitation proprement dite ne débuterait, selon la directrice de la société kényane de pétrole (National Oil C