Le parc national du banc d'Arguin, en Mauritanie, a fêté ses 30 ans cette année. Dans un ouvrage passionnant (1), la sociologue Marie-Laure de Noray-Dardenne (2) raconte comment la création de ce parc a permis de protéger un peuple, les Imraguen, qui vit essentiellement de la pêche sur le banc d'Arguin, une des grandes richesses écologiques de la planète.
Qui sont les Imraguen ?
Les Imraguen sont aujourd'hui 1 200 à 1 500. Ce sont d'anciens tributaires (les Mauritaniens disent «esclaves») des familles maures du désert propriétaires de troupeaux de chameaux. Ils étaient envoyés à la pêche au banc d'Arguin à la grande saison du mulet, d'octobre à février. Jusqu'au début du XXe siècle, ils étaient essentiellement nomades et se déplaçaient le long du banc en campements. Ils partaient plusieurs mois et, quand il n'y avait plus de mulet, revenaient avec le poisson que les femmes avaient fait sécher. Et là, ils devenaient bergers. Ils cumulaient ainsi au cours d'une année, deux activités carrément distinctes.
Ils ont un mode de pêche très particulier...
La grande originalité topologique et donc écologique du banc d'Arguin, c'est que les gens y ont pied sur des dizaines de kilomètres. Ce sont des fonds extrêmement riches, les mulets y nichent dans les vasières. Et les Imraguen y pêchent au filet d'épaule. Un rabatteur tape avec un bâton dans l'eau, les mulets sautent et se précipitent dans les filets, tout ça à pied dans l'eau. Maintenant, ils ont des «lanches», ces bateaux à fond p