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Sud de Madagascar: toujours la faim et jamais la pluie

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Sécheresse. Sans réelle pluie depuis deux ans, la région de l'Androy est ravagée par la famine et l'exode. La survie ne tient qu'à quelques aides d'urgence.
par Pierre BLAISE
publié le 19 janvier 2007 à 5h32

Ambovombe envoyé spécial

La région est plutôt verte, finalement. Des champs bien ordonnés de sisal s'étendent parfois à perte de vue ; des cactus généreux, les raketas, poussent au bord des chemins. Mais, en théorie, rien de cela ne se consomme, pas plus que les fruits des grands tamariniers aux silhouettes sculptées par le vent violent de la contrée.

Du vent à décorner les zébus, mais pas de pluie, pas dans cette région de l'Androy, dans l'extrême sud de Madagascar, où l'on attend des précipitations conséquentes depuis bientôt deux ans. De façon chronique, depuis la grande crise de 1992, la zone subit la sécheresse et les difficultés nutritionnelles qui vont avec. Le kere, comme on résume cela ici.

«Paralysie». «Cette année, je n'ai rien récolté du tout. Alors en juin j'ai vendu mon dernier petit terrain. Avec l'argent, j'ai tenu trois semaines et depuis on ne mange que du cactus rouge, ou des cendres mélangées à du tamarin»,raconte Piandra depuis un lit du centre de réhabilitation intensif (Creni) d'Ambovombe, géré par l'Unicef. Pour sortir de ce régime alimentaire dangereux, elle y séjourne depuis trois semaines avec le dernier de ses onze enfants. Le bébé va mieux, mais rien ne dit quand elle pourra lui redonner à manger correctement. Et des milliers d'autres femmes font la queue devant les centres où sont distribuées des rations alimentaires, et où l'on peut contrôler le rapport taille-poids des enfants.

Cette année, la situation est particulièrement préoccupa