«La facture de l'inaction risque d'être salée.» Telle était, en substance, la réponse d'un petit homme aux cheveux et costume gris, peu habitué à parader sous les feux de l'actualité en dépit de son passé d'économiste en chef à la Banque mondiale. Son nom ? Nicholas Stern. C'était le 30 octobre 2006. Ce jour-là, à Londres, sir Nicholas Stern remet les conclusions d'un rapport (plus de 600 pages) au Premier ministre britannique, Tony Blair, et à son ministre des Finances, Gordon Brown.
L'alerte du rapport bouscule le ronron ambiant. Il estime que le changement climatique pourrait coûter à l'économie mondiale jusqu'à 5 500 milliards de dollars, soit 20 % du PIB mondial, «plus si les gouvernements ne prennent pas de mesures radicales dans les vingt prochaines années». En comparaison, «il suffirait de mobiliser 1 % du PIB mondial chaque année, soit 275 milliards d'euros dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, pour éviter les pires conséquences économiques et humaines du changement climatique», précise Minh Ha Duong, économiste spécialiste des questions environnementales. En l'absence d'action forte, les conséquences économiques et sociales seront comparables à celles engendrées par les deux guerres mondiales et la grande dépression des années 30.
Le changement climatique était à l'origine un problème de climatologue. Il est devenu une évidence planétaire, un enjeu politique, un défi économique. Difficile d'imaginer, et pourtant les experts