Pancevo (Serbie) envoyée spéciale
L'air est lourd, âcre. Il prend à la gorge, fait tousser. «Ce sont les microparticules. Elles entrent directement dans la gorge. Regardez le schéma. Il montre un pic», dit Jasmina Bukvic, une jeune employée de mairie, en montrant les diagrammes affichés chaque jour à l'entrée de l'hôtel de ville de Pancevo. Petite ville classique de Vojvodine, avec ses multiples églises et ses maisons basses caractéristiques de l'Autriche-Hongrie, Pancevo, située sur la rive nord du Danube, à une vingtaine de kilomètres de Belgrade, est la ville la plus industrielle de Serbie. Elle abrite l'unique raffinerie de pétrole du pays, un complexe pétrochimique et une usine de fabrication d'engrais chimiques. Ce n'est pas là son unique record. Elle est aussi championne de la pollution dans le pays.
Sirènes. L'hiver, quand le vent souffle du sud vers la ville et que la pression atmosphérique baisse soudainement, le nuage de vapeurs toxiques qui se forme régulièrement au-dessus de ces usines s'abat sur la localité et ses 120 000 habitants, qui suffoquent. Un jour de novembre dernier, le maire en a eu assez. Il a actionné les sirènes pendant que les radios locales engageaient les habitants à rentrer chez eux et à se calfeutrer.
La population n'avait pas entendu le son de cette alarme depuis les bombardements de l'Otan, en 1999, lorsque ces installations avaient été touchées, répandant dans le sol et les canaux des matières toxiques qui s'y trouvent toujours. En ce