Bikoro (RDC) envoyée spéciale
Ambiance salaire de la peur sur les rives du lac Ntumba, en république démocratique du Congo (RDC). Ayoub Saleh profite de son dimanche pour plonger les mains dans les entrailles de son bulldozer. En sueur, taché d'huile de vidange, il peste contre ses ouvriers qu'il traite «d'incapables». Cet ex-militaire libanais est le chef du chantier d'exploitation forestière de la société ITB, contrôlée par une famille libanaise. Il vient d'expédier à Kinshasa les grumes de sa concession, par le fleuve Congo. L'exploitation forestière tourne à plein régime en RDC, et plus précisément dans la province de l'Equateur au nord-ouest du pays. Vue du ciel, cette zone ressemble à un brocoli géant d'environ 368 000 km2 (près des deux tiers de la superficie de la France). L'exploitation du bois, comme celle de toutes les ressources naturelles de l'Afrique, sera au coeur des débats, aujourd'hui, lors du sommet France-Afrique qui se tient à Cannes jusqu'à demain (lire aussi pages 6 et 7).
Sociétés étrangères. La république démocratique du Congo possède 47 % des forêts primaires tropicales du bassin du Congo et un huitième de celles qui existent encore au monde. Elles regorgent d'espèces (éléphants, singes, oiseaux...) et d'essences (plus de 250 sont exploitables), parmi lesquelles le wengé dont on fait des parquets hors de prix en France (entre 60 et 150 euros le m2).
La production annuelle peut potentiellement atteindre plus de 6 millions de m3, pourtant la forêt