N'Djamena correspondance
Youssouf BodoumBani, chef du canton de la petite ville de Bole, au nord-est du lac Tchad, n'en revient pas. Selon les responsables locaux, le lac aurait baissé de cinq mètres l'an dernier. «Selon les grands-parents, c'est un phénomène cyclique qui a lieu tous les quarante ans, dit-il. La dernière crue date des années 60, tout était sous les eaux. Depuis, ça s'est retiré petit à petit et on attend la prochaine crue.» En quarante ans, la superficie du lac est passée de 25 000 km2 à près de 2 500 km2. Parmi les explications, la diminution de la pluviosité accentuée par de graves sécheresses dans les années 80 et l'érosion consécutive à l'exploitation, par plus de 20 millions d'habitants, du bassin du lacet de ses affluents. Et selon les prévisions climatiques de la Nasa, le lac pourrait disparaître d'ici vingt ans.
«Il y avait des petits oueds humides»
«Il y a eu un moment dans l'histoire géologique où ce lac a disparu, mais en réalité, il n'y a aucune certitude», rassure Anada Tiega, l'un des conseillers techniques de la commission du bassin du lac Tchad, qui réunit les cinq pays frontaliers, Tchad, Niger, Nigeria, Cameroun et République centrafricaine. Beaucoup de terres cultivables irriguées grâce aux crues ont disparu. Le gouvernement tchadien a été obligé d'assécher, puis d'irriguer d'anciens bras du lac, devenus des polders, pour maintenir l'activité agricole et fixer la population dans les environs de Bole. Ce sont les se