Nairobi correspondance
Ils sont assis sur deux bancs en bois qui se font face. La bouche recouverte d'un masque hygiénique, les quatre patients attendent comme chaque matin de recevoir neuf pilules et une injection, isolés des autres malades, dans un réduit de deux mètres sur trois, séparé du reste de la clinique MSF (Médecins sans frontières) par une porte en tôle. Dehors, le brouhaha qui signale l'intense circulation à Mathare, le bidonville le plus peuplé de Nairobi, couvre leur toux souffreteuse. Phidélia, la trentaine, est pliée en deux, les deux mains posées sur son torse aux os saillants. Depuis trois mois, un aller-retour deux fois par jour à la clinique constitue l'unique activité de sa vie et sa seule chance d'échapper à la mort. Elle est atteinte, depuis plusieurs années, d'une tuberculose qui, au fur et à mesure de l'échec des traitements, est devenue résistante à au moins deux des quatre molécules utilisées pour soigner la forme classique de la maladie.
«Placés en isolement». Pendant deux ans, comme les trois autres patients traités à Mathare par MSF, elle doit suivre un traitement lourd et toxique. «Au début, j'ai eu peur car je vomissais tous les jours du sang, je perdais l'équilibre. Selon les périodes, je me sens plus ou moins bien, j'ai surtout très mal aux articulations», chuchote-t-elle. Pour le moment, ces patients sont les quatre cas connus de la forme multirésistante de tuberculose (MDR, pour multidrug resistant tuberculosis) détectée au K