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Libération
Interview

«Accepterons-nous un Paris climatisé à l'américaine ?»

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Stéphane Hallegatte, économiste, analyse les conséquences du réchauffement sur l'Europe.
publié le 3 avril 2007 à 7h00

Stéphane Hallegatte, économiste, ingénieur à Météo France, travaille au Cired (Centre international de recherche sur l'environnement et le développement, CNRS-EHESS). Il fait partie des auteurs du rapport du groupe 2 du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec).

Les pays riches et leurs habitants sont-ils à l'abri des impacts du changement climatique ?

Les citadins des pays développés ont souvent le sentiment d'échapper aux effets climatiques. Ils oublient bien vite que ce confort inédit dans l'histoire des hommes provient d'infrastructures imposantes ­ alimentation en eau, en électricité, chauffage, transport, bâtiments... ­ qui sont, elles, sensibles aux évolutions climatiques et d'ailleurs conçues pour fonctionner dans une gamme connue de températures et de précipitations. Or, dès que l'on sort de cette gamme, ces défenses sont susceptibles de s'écrouler. La production d'électricité ou l'alimentation en eau potable d'une vaste agglomération peut dépendre d'un fleuve dont le débit deviendrait insuffisant. Personne n'avait vu venir les 70 000 décès supplémentaires de la canicule de 2003 en Europe. Personne n'en avait anticipé le coût industriel ­ le prix de l'électricité a pulvérisé ses records sur le marché à court terme ­ pas plus que l'inconfort de bâtiments non conçus pour supporter des températures entre 37 °C et 40 °C ou plus durant deux semaines...

Si c'est juste une question de confort...

C'est plus que cela. A partir de l'hypothèse d'un réch