Bordeaux de notre correspondante
Une fois n'est pas coutume, les anti-OGM ont choisi d'eux-mêmes de lancer une procédure en justice plutôt que d'opter pour la désobéissance civile. Hier, au tribunal de Marmande (Lot-et-Garonne), c'est un apiculteur qui assignait son voisin, producteur de maïs OGM, pour contamination. Dans la région, Claude Ménara est connu comme le loup blanc. Il a été le premier à présenter ses parcelles transgéniques à la presse. Victime des faucheurs et de Greenpeace, son champ avait été photographié par Yann Arthus-Bertrand. Cent hectares de maïs BT barrés d'une immense croix. Et sur lesquels Maurice Coudoin, apiculteur depuis vingt ans, demande désormais l'interdiction préventive d'effectuer les prochains semis. Une première en France.
Préjudice. Rejoint dans sa requête par plusieurs associations, Maurice Coudoin s'appuie sur une étude réalisée l'été dernier autour du champ de la famille Ménara à Grezet-Cavagnan. Des lots de trois ruches ont ainsi été disposés à distance variable de la périphérie des parcelles. L'expérimentation a duré une semaine, à la floraison des maïs, en juillet. Elle a révélé la présence de 34 % de pollen transgénique à 400 mètres, 39 % à 1 200 mètres et des traces non quantifiables à 1 500 mètres. Pour l'apiculteur, le préjudice économique et environnemental est là. «Comment prétendre qu'il existe une coexistence possible ?» interroge l'avocat François Roux. Comme les militants, il attendait de l'Etat un moratoire. «Nous