Dadiba, province du Guizhou envoyée spéciale
Le chef du village est un ancien instituteur. Il aime les chiffres précis: «Sur 1 960 habitants, 683 jeunes sont partis». Et compte les plaies qui ont frappé Dadiba depuis un demi-siècle : «On a eu le Grand Bond en avant, la famine au début des années 60, et maintenant, la désertification.» Fils de paysan, revenu à la terre, Yang Guangying a compris qu'aucune de ces catastrophes n'avait d'explication naturelle. Pas même la «désertification», slogan des autorités pour justifier un «plan de déplacement de population» de 450 000 personnes du Guizhou, l'une des plus pauvres provinces de Chine.
Les montagnes pelées à mi-hauteur, la terre qui donne moins, les terrasses et les cultures balayées par la boue à la première pluie ne relèvent pas d'une fatalité climatique. «On est trop nombreux, explique Yang Guangying, et trop pauvres.» Pour qui n'a connu ni le Grand Bond (qui obligeait à raser les forêts pour fabriquer de l'acier) ni la famine qui a suivi, force est de constater que la Chine laisse ses campagnes à l'abandon, surtout celles des minorités ethniques.
L'aménagement du territoire chez ces Miaos oubliés se limite à la construction de citernes et au don d'explosifs : «On fournit la dynamite et les habitants font les routes», explique un adjoint du district. Un tronçon obligatoire par famille. Femmes, vieux, enfants manient la pelle après le travail aux champs, qui suffit à peine à nour