Moins 69. Moins 495. Moins 124. Moins 37. Sur l’écran numérique d’une maison d’assurance face à la gare de Tokyo, dans le quartier de Yaesu, les pertes en temps réel des grands groupes nippons à la Bourse de Tokyo défilent à toute vitesse. Des dizaines de passants regardent, figés, l’écran. Abasourdis. Le Japon croyait avoir échappé à la crise venue de Wall Street. Le voici touché au cœur.
Contagion. La dégringolade des titres alimente les craintes de contagion. Des faillites de PME en cascade, des armées de chômeurs dans la rue, une plongée en apnée vers le bas. Un scénario que le Japon, en récession entre 1990 et 2000, connaît bien. Lundi, l'indice Nikkei 225 a poursuivi sa chute, à 7 162 points, son plus bas niveau depuis vingt-six ans. En décembre 1989, l'indice culminait à 38 915 points…
Comme si le plongeon boursier nippon ne suffisait pas, le yen ne cesse de se raffermir, pénalisant l'activité des exportateurs : 90 yens pour 1 dollar ces derniers jours. Le Japon n'avait pas vu cela depuis treize ans. L'appréciation du yen est «excessive» a lâché Shoichi Nakagawa, le ministre japonais des Finances, en accord avec les banquiers centraux du G7. Cela, a-t-il prévenu, «pourrait inversement affecter l'économie [japonaise].»Cela n'a, pour l'instant, aucun impact… Par crainte de voir leurs exportations pénalisées, les Toyota, Sony ou Panasonic voient leurs cours dévisser… Les trois plus grandes banques du pays, Mitsubishi UFJ, Mizuho et Sumitomo Mitsui,