Kemal Dervis, ancien vice-président de la Banque mondiale et ex-ministre de l’Economie et des Finances de la Turquie, est l’actuel directeur du Pnud, le Programme des Nations unies pour le développement.
L’aide publique au développement sera-t-elle une variable d’ajustement de la crise ?
Si les pays riches prenaient prétexte de la crise pour réduire leur aide, ce serait dramatique. En 2000, les Nations unies ont fixé huit objectifs pour réduire de moitié la pauvreté dans le monde à l’horizon 2015. Les pays pauvres se sont engagés à mieux gouverner et à investir dans leurs populations (santé éducation, etc.). Les pays riches doivent les appuyer avec l’aide, l’allégement de leurs dettes et un commerce plus juste. Avant la crise, nous savions que cet objectif de réduction de la pauvreté était compromis pour 2015. Ce défi est aussi important que celui d’une refonte du système financer mondial.
Que faut-il faire ?
Penser à l’échelle du monde alors que les politiques économiques, fiscales et monétaires sont décidées localement. Les volumes de l’aide ne dépassent pas 100 milliards de dollars par an (79 milliards d’euros), comparés aux 1 300 milliards de dollars des seuls budgets de la défense au niveau mondial. Il existe des moyens d’affecter une partie de certaines dépenses à des causes orphelines d’argent en regard d’enjeux humains.
Est-ce seulement une question de moyens ?
Non. La seule obsession de la croissance du PIB ne peut plus être le but ultime du politique. La croissance pour la croissance n’a pas de sens. Depuis près de vingt ans, le Pnud a développé des mesures du progrès qui combinent, en plus du PIB, le niveau de