Sir Nicholas Stern, ex-économiste en chef de la Banque mondiale, est professeur à la London School of Economics. Auteur du fameux rapport sur l'économie du changement climatique (octobre 2006), il revient en exclusivité pour Libération, sur les enjeux des négociations climatiques.
Un mauvais accord sur le paquet énergie-climat vaut-il mieux qu’un bon accord pour l’Union européenne ?
L'UE doit au moins s'en tenir à ses engagements de réduire d'au moins 20 % ses émissions de gaz à effet de serre [GES, ndlr] d'ici à 2020 par rapport à 1990. Comme président de l'Europe, Sarkozy doit pousser au maximum pour un accord qui inclut un fonds de garanties pour les pays est-européens. Et ne pas céder face à l'Italie, irrationnelle. Toutes les régions d'Europe méditerranéenne, y compris le sud de la France, sont vulnérables. Elles s'orientent vers un climat quasi-sahélien. Les opportunités de croissance de l'énergie renouvelables, notamment solaire, y sont gigantesques. Pourquoi un tel déni de réalité ?
Pourquoi les pays du Sud freinent-ils alors qu’ils seront les plus impactés tandis que le Nord, moins touché, se mobilise ?
Tous seront affectés. Le bouleversement mondial - inondations et élévation de la mer, réfugiés climatiques, etc. - frappera tout le monde à des moments distincts et de manières différentes.
Etes-vous choqué que les pays développés aient injecté 2 600 milliards de dollars pour éviter une crise systémique mais rechignent sur le climat ?
Le challenge pour sauver le monde de la faillite nécessitait une action d’une telle ampleur. Sans ces plans de sauvetage, le système financier mondial se serait effondré avec une magnitude incomparable à la crise actuelle. Les sommes injectées sont phénoménales, choquantes, mais il fallait le faire. Comme il aurait fallu anticiper le risque collectif vers lequel l’irresponsabilité générale no