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Libération

L’Afrique en quête d’organisation

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Faute de politique agricole stable, les paysans subissent les aléas internationaux.
publié le 22 décembre 2008 à 6h51

«Les paysans africains n'ont pas eu le temps de profiter de la hausse des prix.» Bernard Bachelier, directeur de la fondation Farm, résume ainsi la singularité de l'Afrique dans le marché agricole mondial. On se souvient que la flambée des prix du printemps avait provoqué des problèmes d'accès à l'alimentation, créant de vives tensions urbaines. Mais alors que dans les pays développés, la hausse avait, au moins, bénéficié aux céréaliers, plusieurs études récentes (1) soulignent qu'en Afrique de l'Ouest, les producteurs locaux n'ont même pas pu profiter de ces mouvements internationaux. Derrière ce constat, c'est l'organisation du système agricole africain qui a montré ses limites. «On a en Afrique de l'Ouest des économies agricoles qui n'ont pas effectué leur rupture avec le modèle hérité de la colonisation, tourné vers l'exportation de matières brutes et l'importation de céréales à bas prix pour nourrir la population», analyse Eric Hazard de l'ONG Oxfam, à Dakar.

Dispersés. Tous les Etats n'ont pas souffert de la même façon. L'étude coordonnée par le Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) souligne que«la transmission des prix internationaux aux prix locaux a opéré de manière différente selon les pays et les produits». Les pays les plus dépendants des importations ont subi plus fortement la hausse (lire ci-contre). Au Sénégal, gros consommateur de riz importé, le kilo est passé l'été dernier de 2