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Libération

Greenpeace pris dans les filets du trafic de baleine

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Au Japon, des militants ont révélé un marché noir. Ils sont en prison.
publié le 27 décembre 2008 à 6h51
(mis à jour le 27 décembre 2008 à 6h51)

«Dans un monde qui marche sur la tête, vous pouvez être arrêté pour révéler un crime.» C'est avec ce slogan choc que Greenpeace («une organisation terroriste», selon des responsables japonais) s'est offert le 10 décembre, dans le Herald Tribune et d'autres quotidiens prestigieux, une pleine page sur laquelle apparaissaient, tête renversée, les visages poupins et souriants de Junichi Sato et de Toru Suzuki, deux militants de l'ONG arrêtés le 20 juin à Tokyo pour avoir révélé un trafic de viande de baleine. Présentés au parquet deux jours plus tard, ils croupissent depuis bientôt cent quatre-vingt-dix jours derrière des barreaux. Leur procès doit se tenir au début de l'année. Ils risquent jusqu'à dix ans de prison.

«Intimidation». Toute cette affaire débute le 15 mai, lorsque Greenpeace, qui a mené l'enquête, révèle l'existence d'un marché noir de viande de baleines capturées dans le Pacifique Sud par le Nisshin Maru, le plus gros baleinier industriel nippon, dévolu officiellement à la seule pêche scientifique. L'ONG a réussi à intercepter un colis débarqué du navire. Quand ils l'ouvrent, les militants découvrent, stupéfaits, 23,5 kilos de viande de baleine.

Le colis est remis aux autorités japonaises : il prouve l'existence d'une filière parallèle et corrompue d'écoulement de cette viande. Le procureur de Tokyo diligente aussitôt une enquête. Celle-ci est de courte durée : elle est close le jour même où une quarantaine de pol