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Pris au Lasso

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Paul François. Gravement malade suite à l’inhalation d’un désherbant, ce céréalier de Charente s’apprête à poursuivre en justice le fabricant américain Monsanto.
publié le 27 décembre 2008 à 6h51

L'accident a changé sa vie. Il faisait chaud, ce 27 avril 2004, près de Ruffec, dans ce coin de Charente du Nord, où Paul François, céréalier de 44 ans, cultive 240 hectares de terres. Blé, maïs et colza. Le gaz a surgi de la cuve, un récipient en résine posé sur un tracteur bleu. Les ailes déployées, l'engin ressemble de loin à une grosse libellule. Le «pulvé» permet de traiter les champs sur trente mètres de large. La cuve était restée exposée en plein soleil. Paul voulait vérifier qu'elle était bien «rincée». Il n'a pas fait la bonne manip. «Une odeur très forte est sortie, qui m'a chauffé tout le corps.» Paul a été littéralement gazé par le monochlorobenzène. Une molécule qui entre dans la composition du désherbant qu'il utilise pour traiter ses champs, le Lasso. Paul est rentré chez lui prendre une douche. Son état s'est dégradé. Après, ce sont ses proches qui lui ont raconté. Depuis, Paul n'est guère remonté sur son tracteur.

Au début du mois de novembre, après une longue bataille, le tribunal des affaires sociales (TASS) d'Angoulême a reconnu le lien entre la maladie, qui le frappe depuis quatre ans, et l'inhalation du désherbant. Le 1er décembre, l'organisme de sécurité sociale agricole a fait appel du jugement. L'année prochaine, Paul devrait ferrailler contre Monsanto, le fabricant du Lasso, devant le tribunal de grande instance de Lyon. Epaulé par François Lafforgue, avocat d'un cabinet qui s'est illustré dans des affaires de santé publique et