Cette fois, la Russie a réussi à faire de l'Ukraine le coupable. A 10 heures hier, en vertu d'un accord signé la veille, Moscou a rouvert les vannes de ses livraisons de gaz à l'Europe, via les gazoducs ukrainiens (qui assurent 80 % des livraisons russes en Europe). «Assurez le transit […] pour approvisionner les Balkans, la Turquie et la Moldavie. Exécutez l'ordre !» lançait le dispatcher en chef de Gazprom, dans une de ces mises en scène télévisées devenues l'une des clés de cette «guerre» du gaz. Cinq heures plus tard, Gazprom annonçait pourtant que l'Ukraine empêchait la sortie du gaz à l'exportation… Peu après, Kiev confirmait le nouveau blocage, «à cause de conditions de transit inacceptables imposées par Gazprom», justifiait Valentin Zemlianksi, porte-parole de Naftogaz.
«Chantage». La Russie se livre à un «chantage» pour faire plier l'Ukraine, dénonçait hier soir le président Viktor Iouchtchenko, sans apporter de nouveaux éléments concrets. «C'est plutôt l'Ukraine qui se livre à un chantage sur la Russie, mais aussi sur l'Union européenne, décrypte Natalia Miltchakova, analyste de la banque russe Otkrytie. L'Ukraine veut payer son gaz moins cher, ou même le voler, et exige le soutien de Bruxelles. Elle profite du fait qu'en cas de conflit, c'est toujours le fournisseur, Gazprom, qui est montré du doigt, et non l'intermédiaire, le pays de transit. Les Européens ont pris trop de gants avec l'Ukraine, qui