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Libération
Reportage

Le dernier bassin du «Clem»

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Hier, le porte-avions français est arrivé en Angleterre, où il doit enfin être démantelé.
publié le 9 février 2009 à 6h51
(mis à jour le 9 février 2009 à 6h51)

Peter Stephenson ne s'est pas fait prier pour sabrer le champagne hier. Le patron d'Able UK avait prévu un jéroboam de Pol Roger pour célébrer l'arrivée du Clemenceau dans ses installations aux abords d'Hartlepool. Le Clem est arrivé dimanche après-midi de Brest, par un vent glacial, sur l'estuaire de la rivière Tees, dans le nord-est de l'Angleterre. Les ornithologistes de Natural England n'en croyaient pas leurs jumelles. Venus admirer les espèces migratrices de la réserve naturelle voisine, ils ont assisté au remorquage d'un porte-avions français, baptisé le Q790, entraîné par quatre bateaux du port de Tees et d'Hartlepool. L'épave va séjourner dans le Centre de récupération et de recyclage environnemental de Teesside, un nom pompeux pour un simple bassin de 10 hectares. Après cinquante ans de loyaux services et de rocambolesques allées et venues sur les mers du monde (lire ci-contre), il vient enfin de pénétrer dans son dernier bassin. Il sera démantelé en même temps que quatre navires de guerre américains qui sommeillent ici depuis cinq ans, surnommés «la flotte fantôme» par les habitants d'Hartlepool.

Le long de la rivière Tees, on trouve une usine de sidérurgie, une raffinerie, une industrie chimique et un site de réparation de bateaux. Le Clemenceau flotte désormais à quelques centaines de mètres de la centrale nucléaire du coin. Dans cet environnement déjà fortement industrialisé, la destruction de navires ne dépareillera pas. Hier, le mini