«Si j'avais su, je me serais lancé plus tôt sur le marché chinois», dit Lu Tao, un marchand de yaourtières. Exportateur depuis six ans dans 53 pays, «tous les continents sauf l'Afrique», il n'avait pas pensé investir un jour son propre marché. Ce petit industriel pékinois (200 salariés, bientôt 300) a toujours «suivi le gouvernement». Lorsqu'il fallait exporter, Lu Tao exportait. Aujourd'hui, la consigne est de relancer la consommation intérieure, pour maintenir la croissance à 8 %, objectif mis en doute par de nombreux experts. La Banque mondiale notamment vient de revoir à la baisse ses prévisions en Chine pour l'année 2009, et annonce une croissance à 6,5 % en raison de la chute des exportations chinoises. En un an, selon les estimations officielles de Pékin, les carnets de commandes étrangères ont fondu de 25 %.
Le gouvernement chinois incite les exportateurs à changer leur fusil d’épaule, et à cibler le marché intérieur. A Pékin, les grands centre-commerciaux de luxe sont réquisitionnés par le département du Commerce pour accueillir de «grandes foires de produits exportés». L’administration s’occupe des stands et de la publicité, les fabricants en mal de commandes se contentant de venir gratuitement y vendre leurs produits au prix de gros. Les consommateurs, eux, se ruent dans les allées de marbre, où, d’ordinaire, ils n’auraient jamais mis les pieds.
Ménagères. Lu Tao, qui n'avait jusque-là exposé ses yaourtières qu'à la grande foire annuelle