Les Narbonnais ne devraient voir que ça : 96 000 panneaux dans leur dos, sur la crête calcaire qui domine la mer. Ils ne se découvrent pourtant qu'une fois le nez dessus. Les 23 hectares de plaques noires de la première grande centrale photovoltaïque de France restent cachés aux regards dans un vallon en creux, au-dessus des oliviers et sous les chantiers d'uranium de la Comurhex-Areva à Malvési. Rien d'étonnant à ce qu'il y fasse beau, ce matin. Le soleil brille entre 2 500 et 2 750 heures par an sur le massif. Soit un petit tiers de toutes les heures de l'année, nuits comprises. Serge Daguenet note que les cigales ne se sont pas encore éveillées. Technicien de l'aviation militaire pendant vingt ans, puis spécialiste des affaires éoliennes, le responsable de la maintenance chez EDF Energies Nouvelles (filiale à 50 % d'EDF) se souvient avoir survolé le site en avion : «Cet ensemble de panneaux ondulant selon les lignes naturelles du sol, c'était comme la mer.»
Robinet. Un grillage autour, des buses d'évacuation des eaux aménagées pour en interdire l'accès aux sangliers, deux cabanes en préfabriqué qui servent de bureaux : la centrale de Malvési est dépouillée de toute vie humaine. «Ah, tiens ! Il est passé», observe le responsable de la maintenance à la vue du ciment frais autour d'un robinet tout neuf. «Il y a au moins une personne sur le site tous les jours», dit-il. Ne serait-ce que le plombier. Des agents de France Télécom qui