L'un est«né dans une cuve», le deuxième l'a «bue», le troisième porte sur son visage la couleur du vin qu'il produit : les professionnels varois du rosé, qui célébraient hier à La Celle leur millésime 2008, ont beau porter haut le côté festif de leur vin, ils sont d'humeur morose. Pour eux, qui ont tout misé sur le rosé (88 % de leur production), si le coupage passe, «on est morts». Comme le rosé est le seul vin dont la consommation augmente, le marché pousse au coupage et voici l'angoisse : les industriels qui fabriqueront du rosé de table avec du (mauvais) blanc, rosi d'une goutte de (déplorable) rouge, réussiront à le vendre.
«A la fraîche». Une belle couleur, un bel emballage, un nom chantant, un prix attractif : les Provençaux, qui figurent parmi les plus gros producteurs mondiaux (1), siffleront leur rosé tout seul. «On ne peut laisser faire des hommes inexpérimentés !» s'insurge Daniel Di Placido (AOC Coteaux Varois en Provence). Alors que pour le vrai rosé, il faut «vendanger à la fraîche», il juge «dégueulasse» ce coupage mais voit déjà ces «vins à bas prix sur les rayons, qui démoliraient notre travail». «On va tromper le consommateur», s'indigne Eric Paul (syndicat des vignerons du Var), qui confirme que des négociants français sont pour : «C'est uniquement mercantile.» Alain Baccino, de la chambre d'agriculture, se désole : «Ça fait vingt ans qu'on explique aux consommateurs que le rosé n'est