Il y a celles qui cèdent aux attraits du chèque à six zéros. Et les autres, qui mettent un point d'honneur à ne pas y toucher. Refusent obstinément le risque de perdre leur âme en fricotant avec de gigantesques multinationales. La marque de cosmétiques helvète Weleda est de ces firmes-là. Pourtant, elle est approchée une fois par semaine. «Nous avons même préparé une réponse type : "Merci, mais nous pouvons nous développer tout seuls. Nul besoin de nous adosser à un groupe pour cela"», s'amuse Patrick Sirdey, l'heureux président de Weleda. En 2008, son groupe a réalisé 45 millions d'euros de chiffre d'affaires en France (240 millions à l'international), dont 2,5 millions de bénéfices. «La crédibilité d'une marque se construit patiemment, mais elle se perd très vite, assure Patrick Sirdey. Etre racheté par un groupe qui ne défend pas les mêmes valeurs peut jeter le doute parmi les fidèles de la marque.»
La philosophie des laboratoires Weleda, créés en 1921, a passé l'épreuve du temps. Non seulement le refus de se laisser racheter est résolument «éthique», mais tout a été mis en œuvre pour que cela ne se produise pas. En effet, 75 % des actions du groupe sont détenues par deux institutions, l'Université libre des sciences et de l'esprit fondée par Rudolf Steiner et la clinique Ita Wegman. Ces actionnaires majoritaires, à l'origine de la création des laboratoires, se sont donnés pour mission de défendre la cosmétique naturelle. Et de protéger Weleda. «Pour l'ent