L
es chariots aux couleurs de Nestlé s’alignent dans le hall du centre de distribution d’Alexandre Aramayo installé à Guarulhos, une banlieue grise de São Paulo. Alexandre est «microdistributeur». Il écoule les produits Nestlé dans dix-sept quartiers populaires via des revendeuses qui font du porte-à-porte.
«Populaires». Depuis 2006, le numéro 1 mondial de l'alimentaire déploie une nouvelle stratégie au Brésil : augmenter les ventes auprès des consommateurs qui gagnent moins de dix dollars (7,60 euros) par jour. Autrement dit, la petite classe moyenne et les pauvres, qui représentent 82 % de la consommation alimentaire du pays. «Impossible d'ignorer ce marché», explique Ivan Zurita, le président de la filiale brésilienne, d'autant qu'il n'a cessé d'augmenter ces dernières années avec la hausse des salaires et la «bourse famille», une aide versée chaque mois par l'Etat à plus de onze millions de foyers démunis. La multinationale suisse a mis au point des produits «populaires», version réduite de tel ou tel produit maison, conditionnés dans un emballage plus petit de façon à en baisser le prix. Mais certains ont été spécialement conçus «pour répondre aux goûts et aux besoins» du public à «faibles revenus». Comme le lait Ideal, enrichi en fer et vitamines, et vendu en sachet, un emballage plus économique. Ou encore le Nescafé Dolca, plus léger que le classique, comme l'aiment les habitants du Nordeste, région la plus pauvre du Brésil.
Nestlé n'a pas mis