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Libération
Interview

«Vers des chocs alimentaires dramatiques»

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Jean-Yves Carfantan, spécialiste des marchés agricoles :
publié le 14 avril 2009 à 6h51

Jean-Yves Carfantan est consultant dans un bureau d'études spécialisé dans les marchés internationaux de produits agricoles. Cet ancien trader en soja réside au Brésil depuis 2002, ce qui lui confère un regard assez distancé sur les problématiques européennes. Il vient de publier, le Choc alimentaire mondial, chez Albin Michel.

Comment définiriez-vous la crise alimentaire ?

La crise alimentaire est à l’intersection des crises énergétique, climatique et économique. Nous assistons à une progression très sensible de la demande. Et les futures terres disponibles ne sont pas aussi nombreuses que veut le faire croire la FAO [Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture], les événements climatiques risquant de compliquer la donne. Et même si les populations asiatiques ne rejoignent pas le niveau de consommation de la population texane, il y aura de grandes tensions. Si on ne fait rien, Malthus aura eu raison. Tout le monde ne pourra pas s’asseoir au banquet de la nature.

Alors que les prix mondiaux ont considérablement baissé depuis plusieurs mois, vous assurez pourtant que les pires chocs alimentaires sont devant nous…

Nous allons au-devant de chocs alimentaires plus dramatiques que ceux qui secouent le monde depuis 2002, date à laquelle la tendance à la baisse du prix des matières agricoles a disparu. Dans les pays occidentaux, certaines catégories de population ne pourront pas satisfaire leurs besoins. En Europe, 6 à 7 millions de personnes ne vivraient pas sans l’aide alimentaire. Et dans les pays en développement, il y aura une énorme régression.

Parmi les solutions que vous préconisez, il y a la dérégulation…

Pour l’instant, nous sommes très loin de la dérégulation sauvage. Je vous invite à passer deux semai