Avant même de débuter aujourd'hui, la pêche au thon rouge fâche tout le monde. Les scientifiques, d'abord : ils estiment l'espèce menacée par la surexploitation et jugent les mesures de protection insuffisantes. Les quotas ont certes été baissés à 22 000 tonnes (contre 28 500 l'an passé), dont 12 406 tonnes pour l'Union européenne, «mais, sur la durée, il ne faudrait pas dépasser 15 000 tonnes», rappelle le Philippe Cury de l'Institut de recherche pour le développement. Pour lui, on fait «toujours trop peu, trop tard». Surtout si l'on considère qu'avec les fraudes les prises réelles ont avoisiné l'an passé, selon divers spécialistes, 50 000 tonnes.
«Sang». Mais, reconnaît Cury, «l'Europe va faire de plus en plus attention à ce qui se pêche». Et cela chagrine le Marseillais Mourad Kahoul, du Syndicat des thoniers méditerranéens : «Tous les métiers du thon sont attaqués, c'est du harcèlement ! M.Barnier [le ministre de l'Agriculture, ndlr] veut éliminer cette flottille. Il fait un génocide. Il aura du sang sur les mains». Les 35 gros thoniers senneurs français, qui pêchent sur des bateaux à 3 ou 4 millions d'euros, ne partiront pas tous en mer : environ 28 ont prévu de pêcher, tant que cela s'annonce rentable. «Après, ils iront en Afrique du Sud, à Maurice, dans l'océan Indien, ou ils feront autre chose», indique Mourad Kahoul. Moins de thons, trop de bateaux : pour tenter de réduire la surcapacité de la flotte, créé