Qui est-ce qui bosse à l’œil en faisant bzzz bzzz toute la journée et qui pourtant fait gagner à la collectivité la bagatelle de 150 milliards d’euros par an ? Réponse : les abeilles et, plus largement, les insectes pollinisateurs, sans qui fruits et légumes seraient bien en peine de se reproduire. Le chiffre semble absurde, mais il est étayé économiquement : si les abeilles disparaissaient, c’est ce qu’il faudrait payer pour faire le travail à leur place ou trouver des produits de substitution. A l’échelle mondiale, les premières estimations prévoient qu’en 2050, la perte de biodiversité pourrait représenter 7 % du PIB mondial. 14 000 milliards d’euros par an.
Alors que les travaux internationaux sur l’économie de la biodiversité se développent (lire ci-dessous), la France y apporte sa pierre : un groupe pluridisciplinaire, présidé par l’inspecteur général de l’agriculture Bernard Chevassus-au-Louis, a rendu public il y a dix jours un rapport (1), touffu et passionnant, qui élabore des pistes pour mieux prendre en compte la valeur de la nature dans la sphère économique. Un exercice beaucoup plus complexe que celui du carbone, puisque la diversité de la nature la rend difficilement réductible à une seule unité de mesure.
A quoi ça sert de donner un prix à la nature ?
Le constat, c'est l'érosion accélérée de la biodiversité. Le rapport évoque un «processus en cours vers une extinctionde la biodiversité, quasi exclusivement du fait des activités humaines». Mais donner a priori un prix à cette biodiversité ne faisait