Cela fait bientôt trente-trois ans que cet homme propose des solutions à la crise énergétique. Time magazine vient d'ailleurs de le classer parmi les 100 personnalités de l'année. Amory Lovins, 61 ans, théoricien du «capitalisme naturel», est un pionnier discret. Au sein de l'Institut Rocky Mountain, think tank créé en 1983, il peut se targuer d'avoir l'oreille des conseillers d'Obama. Visionnaire ? Lovins assure que les Etats-Unis pourront intégralement se passer de pétrole en 2040.
Quel rôle joue votre think tank ?
Nous faisons de l'acupuncture institutionnelle auprès des grosses entreprises comme Ford, Dow Chemical, Boeing, pour les convertir à l'efficacité énergétique. Investir dans une usine de fenêtres super isolantes coûte 1 000 fois moins cher que de produire toujours plus d'électricité via de nouvelles centrales. Il faut changer les mégawatts en négawatts : des watts que l'on n'a pas besoin de produire puisqu'on ne les consomme pas. Les multinationales comprennent très bien cela et conduisent des changements majeurs. Cela peut s'avérer très profitable. Dow Chemical a investi un milliard de dollars [736 millions d'euros, ndlr] dans les économies d'énergie et économisé 9 milliards de dollars en quelques années. Dupont de Nemours a diminué ses émissions de CO2 de 80 % par rapport à son niveau de 1990. Wal-Mart a vu sa flotte de camions consommer - 25 % de carburant.
Les choses changent donc ?
Oui. A la création de l’Institut, nous étions une poignée d’amis sans argent. Aujourd’hui, nous avons