Menu
Libération

«Faudrait faire la grève du lait, on attend quoi là ?»

Article réservé aux abonnés
Témoignage de deux producteurs amers à l’heure des négociations sur le prix du litre.
publié le 4 juin 2009 à 6h52
(mis à jour le 4 juin 2009 à 6h52)

Une journée dans la vie d’éleveurs laitiers dans un secteur en crise, comme beaucoup d’autres. Ces paysans qui disent leur sentiment d’être abandonnés par l’Etat. D’être étouffés par les intermédiaires. De travailler à perte. Portraits d’une éleveuse en manif et d’un éleveur en malaise.

A Pontivy, un air de dépit amoureux du «métier»

C'est sa «première manif» ; première «action», et première «déception». Elle, 37 ans, regard fort et fier. Elle, une des rares femmes, dans une mêlée de 200 éleveurs qui bloquaient hier, entre colère et résignation, l'usine Lactalis. Elle, Christelle Etienne, venue de Ploërmel, pour constater une énième «action» de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) «molle»,«isolée». Impuissante : «Faudrait faire la grève du lait, non ?On attend quoi, là ?» Comme si la crise était sur le point d'emporter son «amour du métier».

Il y a quatre ans, cette fille de paysan émargeait comme ouvrière. Dans le cochon. Un job épuisant à tailler dans la barbaque et éviscérer les bestiaux. «J'ai commencé dans la boyauterie, le pire, puis la découpe, et enfin le conditionnement, dit-elle. J'allais au boulot à reculons.» Avec son compagnon, elle décide de tout lâcher pour «un rêve» : être son «propre patron». Avoir sa «ferme». Elle fait une «formation», glane un «prêt bonifié à 3,5 %», emprunte «450 000 euros». Elle dit, un brin nostalgique :