Depuis la canicule de 2003, le monde du vin prend au sérieux les changements climatiques. «Il y a urgence à s’y mettre tout de suite», dit Alain Guichet, président de l’Union des œnologues de France dont le congrès s’est achevé samedi, à Nantes. «Le temps d’une nouvelle vigne, c’est une génération, alors que la réactivité de la recherche n’offre de résultats que sur quinze à vingt ans.» Les vendanges précoces bouleversent le cycle de la vigne et alertent la profession. «Avec 2 degrés de plus, on s’en sort. Mais à plus 4, c’est le jeu de massacre», estime Bernard Seguin, agronome à l’Inra d’Avignon. Comment faire ?
Cultiver en Angleterre ?
Ensoleillement accru, nuits fraîches, gel imprévu, pluviométrie perturbée : autant de nouvelle donne pour les vins, plus précoces, plus forts en alcool, plus attaqués par les parasites. Les premiers degrés gagnés arrangent les vignerons français qui font des vins plus ronds. Si le réchauffement s'accentue, la filière cherchera à contrer les chaleurs pour garder les cépages sur place, dans leur terroirs, et retarder le moment où il faudra replanter en altitude plus tempérée. Les pays jusqu'ici trop frais s'y mettent : les Danois plantent déjà de la vigne. Le vin produit à l'est de Londres est pour l'instant trop acide. «Mais en 2050, pinot noir et gamay y seront cultivables», prédit Jean-Pascal Goutouly, chercheur à l'Inra de Bordeaux. Les Californiens, les Australiens et les Sud-Africains sont dans l'incertitude. Les Espagnols, eux,