Menu
Libération
Interview

«Alléger notre dépendance énergétique»

Article réservé aux abonnés
Gazoduc alternatif ou centrales solaires sahariennes : l’Europe face au défi de son approvisionnement. Entretien.
publié le 14 juillet 2009 à 6h51
(mis à jour le 14 juillet 2009 à 6h51)

Jean-Marie Chevalier dirige le Centre géopolitique de l'énergie et des matières premières à l'université de Paris-Dauphine. Il vient de publier Climat, économie et géopolitique aux éditions Economica.

Des centrales solaires dans le désert ou un gazoduc alternatif au gaz russe sont-elles des solutions efficaces pour alléger la dépendance énergétique européenne ?

Les deux projets s’attaquent à des problématiques différentes. Désertec doit fournir de l’électricité. Or, nous sommes en train de construire un marché unique de l’électricité en Europe. Il faut déjà le parachever avant de se lancer dans d’autres réseaux électriques. Une boucle est certes prévue entre l’Espagne et le Maroc, mais il est plus facile et moins cher d’acheminer de l’électricité sur une courte distance (comme le détroit de Gibraltar), que sur des centaines de kilomètres sous l’eau, comme le prévoit Désertec.

Pour le gazoduc Nabucco, les deux incidents survenus avec le gaz russe en Ukraine ont rendu obligatoire la mise en œuvre de nouvelles routes du gaz. Mais, jusqu’à présent, cela pêche des deux côtés du tuyau de Nabucco. Du côté européen, les incertitudes concernent la consommation de gaz en 2020 : elle risque de ne pas augmenter autant qu’on le pensait. Du côté des fournisseurs, l’Azerbaïdjan hésite, l’Iran et l’Irak ne sont pas prêts… Les éléments ne sont donc pas encore réunis pour la mise en œuvre de ce nouveau projet. Mais l’urgence climatique peut accélérer la mise en œuvre du gazoduc de Nabucco et alléger notre dépendance au pétrole.

Fabriquer de l’électricité grâce au soleil du désert est plutôt séduisant, non ?

Sur le principe, Désertec est une idée généreuse. Economiquement et énergétiquement parlant, c’est plus discutable. Pour