La mèche allumée par les salariés de New Fabris a atteint hier ceux de Nortel. Comme une trainée de poudre, la menace de faire sauter son entreprise s’est répandue de Châtellerault, dans la Vienne, à Châteaufort, dans les Yvelines. Et des ouvriers aux cadres. Car hier, ce sont les ingénieurs et cadres de la filiale française de l’équipementier canadien en télécommunications Nortel, en liquidation judicaire depuis fin mai, qui ont joué aux petits chimistes. Modérément (des bouteilles, paraît-il, vides) et quelques heures seulement, tout juste le temps de faire réagir le ministre chargé de l’Industrie, Christian Estrosi, qui s’est empressé de leur rendre visite sur le site de Chateaufort, où 467 à 680 emplois, suivant une éventuelle reprise, sont menacés de disparition.
Managers. Tel un chef d'Etat en visite officielle, Estrosi a remonté la centaine de mètres qui sépare les grilles d'entrée du bâtiment principal entre une double haie de salariés applaudissant à tout rompre. Une belle organisation de la part des cadres frondeurs, qui ont monté leur petite entreprise de lutte comme de vrais managers (lire ci-contre). «Il est venu, c'est déjà bien, et c'est pour cela qu'on applaudit. Maintenant, on espère qu'il va faire pression sur les administrateurs judiciaires, et trouver un repreneur pour les 200 salariés qui ne sont pas encore touchés par le plan social», justifiait un ingénieur présent dans le comité d'accueil. Plutôt prudent, le ministre a surtout