Pour Claude Allègre, le progrès, c’est le progrès technique, la philosophie des Lumières, c’est croire que le génie humain aura raison de tous nos problèmes grâce à la technique. Pour lui, ceux qui ne croient pas à cela ne sont pas de vrais humanistes. Or, on peut être parfaitement humaniste, ne rien vouloir tant que d’assurer à l’homme les conditions d’une vie heureuse sur notre planète, être très attaché à la notion de progrès et à la philosophie des Lumières, ne pas être hostile au progrès technique et, néanmoins, s’interroger sur le point de savoir si le paradigme qui nous a menés là où nous en sommes - à savoir l’idée que l’homme réalise sa destinée par l’exploration sans limite des possibilités techniques à la recherche de toujours plus de performance, d’efficacité et de puissance - ne mérite pas d’être revisité.
La technique est une cause majeure, bien sûr, de l’amélioration des conditions de vie, une manifestation éclatante du génie humain, mais elle peut créer des monstres, volontairement (la bombe atomique) ou involontairement (le réchauffement climatique), et détériorer tel ou tel aspect de nos existences (nos libertés, notre santé, entre autres). Penser que la technique, et elle seule, apportera indéfiniment la solution à tous nos problèmes, dans un environnement de plus en plus complexe, où la diffusion des risques se fait de plus en plus rapidement, où la technique est d’autant plus dangereuse qu’elle est plus puissante et où les problèmes sont de plus en plus s