Au bout de quelques centaines de mètres de route pierreuse et défoncée, impossible de franchir le barrage des vigiles, ni même d'apercevoir le site pollué par la SPSE (Société du pipeline sud-européen) dans la plaine de la Crau, à une soixantaine de kilomètres au nord-ouest de Marseille. Il est inaccessible «pour d'évidentes raisons de sécurité», explique la société. Vendredi, aux alentours de 7 h 30, une fuite s'est produite sur une de ses conduites, reliant Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) à la raffinerie de Feyzin (Rhône). Bilan : 3 à 4 000 m3 de pétrole lourd déversés sur deux hectares au lieu-dit Le Cossure, sur la commune de Saint-Martin-de-Crau.
Le site est une réserve naturelle unique. «C'est l'ancien delta de la Durance, un paysage très original que l'on ne retrouve qu'en Espagne ou dans le sud méditerranéen, avec des espèces également très originales», explique Benjamin Kabouche, directeur de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) Paca, pour définir la réserve des Coussouls de Crau. La préfecture des Bouches-du-Rhône se fait encore plus précise : il s'agit de «la dernière steppe sèche d'Europe», une réserve naturelle nationale intégrée au réseau européen de sites protégés Natura 2000. Visuellement, entre la mer et les Alpilles, c'est une gigantesque plaine aux herbes courtes rougies par le soleil de Provence. Avec, en plus, vendredi, une grande tache noire…
La secrétaire d'Etat à l'Ecologie, Chantal Jouanno, venue sur place,