Depuis près de quarante ans, les algues vertes encombrent les plages de la côte bretonne. Gênantes, malodorantes, elles ont déjà mis à mal l'activité touristique de certains villages. Désormais, elles sont accusées de tuer, en dégageant un gaz toxique. Deux chiens, l'an dernier, à Hillion, dans la baie de Saint-Brieuc. Un cheval, fin juillet, à Saint-Michel-en-Grève. Et voilà que le dossier se déplace sur le front de la santé publique. Dimanche, des centaines de manifestants ont soutenu le maire de Saint-Michel-en-Grève, en première ligne, car responsable de la sécurité sur sa commune. Une dizaine de maires des environs ont réclamé «enfin des mesures contre ces algues».
C'est que le problème n'est pas nouveau, et la cause assez bien connue. Dopées par les rejets de l'agriculture industrielle, notamment des porcheries, les algues reviennent chaque année sur une bonne partie du littoral breton, gagnant désormais les plages de Basse-Normandie de l'île de Ré et du bassin d'Arcachon. Entre 50 000 et 70 000 tonnes d'algues sont ramassées chaque saison sur les plages. «On a laissé filer les choses, on a laissé une économie agricole s'installer. Faire marche arrière est devenu presque impossible», se désole Gérard Borvon, de l'association S-eau-S.
La Bretagne se retrouverait ainsi coincée dans son modèle. «La prise de conscience s'est améliorée mais le monde agricole ne peut pas changer facilement. On les a fait investir, on leur a conseillé de produire. On a dév