Entre deux épaisses couches de nuages, de violentes bourrasques et une pluie glacée, l'arrivée en Fokker 50 est à déconseiller aux tétanisés de la voltige. Il n'empêche, la vision des premiers icebergs est à tomber. Kulusuk est la porte d'entrée des Européens au Groenland. «Il existe deux sortes de touristes dans ce pays : ceux qui restent une journée, et ceux qui cherchent la vraie aventure», m'explique Vincent Dufour, de l'agence Terres oubliées, qui organise des randonnées en autonomie totale dans le parc national du nord-est, par - 20 °C de préférence. A la sortie de l'aérodrome, on voit des petits groupes crapahuter à travers les mousses et les laîches (petites herbes) jusqu'à Kulusuk, à une demi-heure de marche.
Là-bas, ils vont admirer un typique petit village de pêcheurs avec des maisons rouge vif, vert sapin, bleu nuit. Le point de vue depuis le cimetière est à couper le souffle, même sous un ciel de plomb. Une kyrielle d'icebergs dérivent lentement jusqu'au rivage. Sur la plage, les blocs de glace échoués évoquent un concours de sculpteurs de glaçons. Ils gouttent sous l'effet de la «chaleur». Il fait 5 °C ici, c'est l'été ! Dans le village, des Inuits en tenue traditionnelle proposent une démonstration de pêche en kayak à peau de phoque (mode de pêche qu'ils n'utilisent plus depuis des années). Les magasins regorgent de souvenirs, entre artisanat traditionnel et attrape-nigauds. «Cela rapporte un peu d'argent aux Groenlandais», précise Vincent Duf