Menu
Libération

Kangerdlugssuaq, glacier trempé

Article réservé aux abonnés
la lutte des glaces. Pendant deux semaines, «Libération» s’installe en Arctique.
publié le 1er septembre 2009 à 6h52
(mis à jour le 1er septembre 2009 à 6h52)

Un glacier vit et bouge telle de la lave en fusion, mais ses déambulations sont invisibles à l’œil nu. Ainsi le Kangerdlugssuaq, un des plus grands du Groenland, qui déverse à lui seul 6 % de la calotte glaciaire de la «Terre verte», vomissant des milliers de tonnes d’icebergs tous les ans dans l’océan Atlantique Nord. Son survol laisse songeur : il n’offre rien d’autre qu’une immense étendue d’eau gelée, d’un bleu pur et d’un blanc aveuglant. Parfois, les falaises déchiquetées laissent deviner d’infernaux précipices. Quand l’hélico se pose entre deux crevasses, il me fait l’effet d’un insecte qui risque de se faire écraser par les paumes invisibles du monstre. Les mouvements du glacier ne se voient pas, ils s’entendent. Un claquement déchire le silence de ce désert immaculé. Le glacier avance, et plutôt vite. En 2005, le Kangerdlugssuaq a déversé 14 kilomètres de glace. C’est presque trois fois plus que l’avancée notée en 2003, qui était d’environ 5 kilomètres.

Balises GPS. Gordon Hamilton et Leigh Stearns travaillent tous deux à l'Institut du changement climatique à l'université du Maine. Ils profitent de la logistique de Greenpeace pour venir, en été, placer des balises GPS sur les recoins les plus stables du glacier. Alimentées par des panneaux solaires, celles-ci doivent envoyer leurs coordonnées chaque seconde. «Nous allons laisser ces balises plusieurs mois, me dit Leigh. Avec la neige, le froid et la nuit, ces glaciers sont quasi impossib